Qu’est-ce que le festival Obon japonais ?

Qu’est-ce que le festival Obon japonais ?

Obon ou O bon (お盆) fait partie des fêtes traditionnelles japonaises les plus populaires. À mi-chemin entre la commémoration et la célébration, c’est l’occasion de retrouvailles familiales, mais aussi de vacances observées à travers tout l'archipel, au même titre que le nouvel an et la golden week.

Voir aussi : Golden week, la plus longue période de vacances au Japon

Ces quatre journées sont aussi l’occasion de festivals et rituels typiques de la culture japonaise : bon odori, tôro nagashi, etc. Ils sont autant prisés pour leur côté festif que rituel.

 

D’où vient le festival Obon ?

 

Origine de l'obon

 

Les origines de O bon sont lointaines et remontent aux fêtes religieuses originaires d’Inde et de Chine commémorant les défunts, et marquées par l’apparition de fantômes et d’esprits.
C’est donc sans surprise que le rituel fut adopté par l’aristocratie de Heian et Nara, en s’intégrant peu à peu aux célébrations des morts déjà populaires, l’Asie centrale jouissant déjà d’une forte influence sur la cour

Les racines de O bon se trouveraient plus précisément dans l’histoire de Maha Maudgalyayana. Il s’agissait d’un disciple du Bouddha, qui, grâce à ses dons de divination, aurait vu sa mère se morfondre dans le royaume des fantômes affamés (un des univers de la réincarnation du bouddhisme). 

Pour la secourir, Bouddha lui aurait demandé de faire des offrandes le 15ᵉ jour du 7ᵉ mois aux moines rentrant de leur retraite d’été et requérant leur aide grâce à leurs prières. Une fois cet acte effectué, sa mère fut libérée et Maha Maudgalyana aurait alors dansé de bonheur. C’est cette danse qui est aux sources du festival O bon et de sa symbolique : la bon odori (盆踊り).


Qu’est-ce que le festival Obon japonais ?

 

 

Même si son histoire est plus ancienne, cela fait environ cinq cents ans qu’O bon est pratiquée et célébrée sous des allures festives, auprès de toutes les strates de la population japonaise. O bon est de nos jours l’occasion pour les familles nippones de rentrer dans leurs terres natales et d’assister au retour de leurs ancêtres.

L’importance du festival est telle que les entreprises japonaises octroient souvent à leurs employés des vacances ou permissions spéciales pour leur permettre participer à cet évènement très important. On peut cumuler les weekends avec les vacances de O bon par exemple, ou bien avec le jour de la montagne, le 11 août, lui aussi chômé !

Pour les habitants des quartiers, ainsi qu’à l’échelon de la vie locale, O bon est aussi signe de nombreux préparatifs (lanternes, kimonos, yukatas), avec des différences très notables selon les régions. Trois régions sont aussi particulièrement réputées pour leur pratique originale du festival.

Voir aussi : les festivals japonais, le guide complet

 

Le festival Awa de Tokushima (阿波踊り)

 

Festival Awa de Tokushima

 

Il est impossible de ne pas citer la plus importante des bon odori du Japon. C’est près d’un million de visiteurs qui se pressent à Tokushima pour observer et participer aux immenses parades dans les rues de la ville. Un succès tel que le quartier de Koenji à Tokyo organise désormais sa propre awa odori à la fin du mois d’août !

 

Le festival Gujo Odori de Gifu (郡上おどり)

 

Festival Gujo Odori de Gifu

 

Né pendant l’époque d’Edo, il y a environ 400 ans, c’est le festival le plus long du Japon ! Ses danses s’échelonnent de juillet à septembre, avec leur sommet durant la période du 13 au 16 août. Reconnue en tant que bien immatériel, on vient de tous les départements pour observer les danseurs. Ces derniers n’ont parfois pas de repos et dansent du crépuscule à l’aube !

 

Le festival Bon Odori Nishimonai d’Akita (西馬音内盆踊り)

 

Bon Odori Nishimonai Akita

 

Avec une histoire de près de 700 ans, ce festival dure du 16 au 18 août. Sa célèbre “danse avec les esprits des défunts”, dans laquelle les participants se couvrent d’une capuche noire, fait l’originalité des parades qui y ont lieu. La mystérieuse et mélancolique musique qui ponctue ce festival le rend aussi très populaire. Il fait partie des trois O bon majeurs du Japon.


Quels sont les rituels de l’Obon ?

 

S'il faut bien distinguer les rituels ayant lieu dans l’enceinte familiale et ceux qui se manifestent en public, les rituels et pratiques qui ont lieu pendant O bon sont généralement les suivants :

 

Les lanternes flottantes, toro nagashi (灯籠流し)

 

Lanterens flottantes toro nagashi

 

Selon les régions, cette cérémonie est observable en plusieurs déclinaisons. Le symbole des lanternes, flottantes, la nuit, est l’une des images d’Épinal asiatique. Elles symbolisent le retour des ancêtres vers les cieux.

Au cours du dernier jour de O bon, elles sont déposées sur l’eau, dont l’être humain serait issu, si l’on en croit les anciennes légendes. Les plus importants regroupements de lanternes ont lieu à Hiroshima et Nagasaki, en commémoration des tristement célèbres bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

 

Bon odori (盆踊)

 

Danse Bon Odori

 

Cette danse s’exprime différemment que l’on soit dans le Kanto ou le Kansai. Les danseurs, professionnels ou bien amateurs, parés de kimonos, défilent dans les rues et dans les enceintes des temples et des sanctuaires au rythme des tambours japonais, les taïkos.

Historiquement, la danse avait pour vocation de célébrer les morts ayant échappé aux souffrances des enfers. De nos jours, elle est aussi l’occasion de se solidariser avec son voisinage et de rencontrer la communauté de son quartier. C’est assurément le point culminant de Obon.

 

Mukaebi/Okuribi (迎え火/送り火)

 

Mukaebi Okuribi

 

Le Mukaebi est un feu qui est allumé en forêt, le soir du 13 août, mais qui de nos jours se fait aussi à proximité des foyers. De diverses tailles, les flammes vacillantes accueillent les esprits des défunts et leur indiquent le chemin. Le Mukaebi marque le départ des célébrations.

L’Okuribi est le feu qui, lui, guide le départ des ancêtres en dehors du monde terrestre. Initié à la fin de l’O bon, souvent à versant de montagne, le plus célèbre est certainement celui de Kyoto, le Gozan no Okuribi.

 

La visite aux tombes o-haka-mairi (お墓まいり)

 

Ohakamairi

 

De même qu’en occident, au Japon, il existe des tombes familiales, même si l’incinération est la norme dans l’archipel. Elle est le lieu d’hommages et on y laisse une où, des offrandes (alcool, gâteaux, fleurs, fruits et légumes, etc.). C’est aussi l’occasion de faire un grand nettoyage de celle-ci. On appelle hatsubon le premier O bon après le décès d’un proche. Ce dernier est aussi l’occasion d’un service commémoratif bouddhique bien spécifique.

 

Les feux d’artifices d'Obon (花火)

 

Obon fireworks

 

Un ciel incandescent, des kimonos parcourant les rues au rythme des sandales en bois, les Geta, c’est aussi cela O bon : une célébration qui offre les plus beaux feux d’artifice de l’année.

 

Que mange-t-on durant Obon ?

 

Obon Nourriture

 

Comme beaucoup d’autres fêtes nationales, telles que le nouvel an et son fameux “osechi ryōri (御節料理)”, pendant O bon, on sert plusieurs plats différents : takoyaki, ohagi, dango, okonomiyaki, kakigori, etc. Beaucoup viennent des nombreux stands parcourant les rues durant le festival, les yatai.
Même si la tradition n’est pas systématique, il y a aussi beaucoup de Japonais mangeant végétarien tout au long de la période des festivités.

Enfin, il existe aussi diverses superstitions et coutumes : ne pas prendre de photos la nuit pour ne pas capturer un fantôme, ne pas nager pour ne pas se faire noyer par un fantôme, ne pas dérober les offrandes, ne pas suspendre ses vêtements la nuit, etc.


Quelles sont les dates d’Obon ?

 

Festival Obon

 

O bon n’a pas toujours été célébré aux mêmes dates. Si bien entendu autrefois le calendrier lunaire tenait une importance capitale pour ancrer la date, l’introduction du calendrier Grégorien, nécessitât de réorganiser l’agenda de cette tradition. En effet, célébrer O bon en juillet posa de multiples soucis logistiques et techniques, le plus important d’entre eux étant la gestion de la production agricole, décisives pendant le mois de juillet.

Ainsi, si la majorité du pays observe Obon du 13 au 16 août (hachigatsu bon), des zones au sein de Tokyo, dans la région du Tohoku mais encore l'île d’Amami continuent de le célébrer en juillet (shichigatsu bon ou kyu bon). 

Attention, fait non anodin au Japon, les banques à prendre des vacances sont légion pendant O bon ! Il est donc important de bien vérifier les dates de fermeture des guichets sous risque de se trouver à court de liquidités durant quelques jours. Il en est de même pour de nombreux corps de métiers, mais aussi des autoroutes qui sont bondées au départ et au retour !

 

Boxes ZenPop